Anatomie : tout savoir sur le Psoas, muscle de l’âme!

L’âme aurait un muscle? En anatomie, le muscle Psoas, aussi appelé Ilio-Psoas ou Psoas-Iliaque, n’est jamais présenté comme étant le muscle de l’âme. C’est pourtant un qualificatif systématiquement transmis et enseigné, dans les milieux de santé alternative ou en yoga. Chacun ses croyances ! Je les respecte, mais les miennes sont scientifiques, biomécaniques…et anatomiques justement!

En tenant ce blog, je réalise avec étonnement, que de nombreux enseignants et pratiquants de yoga, ne font pas la part des choses, entre une connaissance relevant de l’ordre des croyances justement, ou du ressenti et une autre, rigoureuse, scientifique et établie. Je vous propose donc en vidéo, une anatomie du muscle Psoas, telle qu’enseignée en école de kinésithérapie et d’ostéopathie. Je l’ai voulue simple, pour que chacun la comprenne, mais complète. Avec toutes ces données, vous serez en mesure de construire votre propre réponse, éclairée, à cette question existentielle : « Le Psoas est-il le muscle de l’âme? ».

Vous pouvez aussi retrouver l’article écrit et rédigé dans le magazine Infos Yoga n°140.

Le magazine Infos Yoga n°140 propose un article du blog Adapter Son Yoga sur le muscle Psoas.

Vidéo de présentation du muscle Psoas

A la fin de cette vidéo, vous saurez tout sur le muscle Psoas ! La vidéo est divisée en chapitres, qui vous permettent de naviguer facilement. Sous la vidéo, vous trouverez la retranscription en texte.

Retranscription texte de la vidéo d’anatomie du muscle Psoas

Bonjour et bienvenue, alors aujourd’hui je vous propose une vidéo sur le muscle psoas, avec cet intitulé :  » La passion pour le psoas est-elle justifiée? ».

En effet le psoas est un muscle à la mode! Qu’on l’appelle muscle de l’âme, muscle du stressé, muscle poubelle ou bien de manière plus poétique, muscle des émonctoires, dès que vous vous intéressez aux milieux de santé alternatifs, en ce moment, vous aurez forcément entendu parler du muscle Psoas ! Et d’ailleurs, si vous êtes sur cette vidéo c’est précisément parce que ça vous intéresse!

Donc ce muscle passionne les thérapeutes : que ce soient les ostéopathes, les kinésithérapeutes, les coachs sportifs et puis particulièrement dans mon domaine, les professeurs de yoga! Ce muscle passionne d’autant plus que le terme reste plutôt inconnu du grand public ! Le psoas est alors proposé comme une solution miraculeuse pour tous les maux et en général les douleurs lombaires, douleurs de hanche, douleur abdominale. On va souvent avoir cette réponse magique, miraculeuse : « Avez-vous pensé à votre Psoas? ».

Dans son dernier livre, Major Mouvement, qui est un kiné spécialisé en thérapie manuelle et star des réseaux sociaux, vous le connaissez sans doute, a dit ceci :  » voici la vérité sur le psoas : la probabilité pour que votre mal de dos soit lié uniquement à un problème de psoas est proche de 0 or la probabilité pour qu’un jour vous ayez croisé un kiné, un ostéopathe, ou un coach, moi je rajoute prof de yoga, qui vous ait dit que vous avez mal au dos à cause de votre psoas est de 99% ».

Alors, j’ai particulièrement apprécié cette affirmation donnée sur le ton de l’humour évidemment. Les statistiques doivent être fausses, mais on va démêler ensemble aujourd’hui, ce qui est vrai et moins vrai sur ce muscle psoas!

Je vais me présenter, je m’appelle Muriel, je suis kinésithérapeute depuis 21 ans. Je suis également ostéopathe et je suis passionnée de yoga. Je tiens un blog sur le yoga, qui s’appelle « adapter son yoga.com », sur lequel vous trouverez énormément de ressources anatomiques et biomécaniques sur le yoga.

Anatomie du muscle Ilio Psoas

Alors, on va commencer par faire un petit rappel anatomique. Le psoas s’appelle en fait, le muscle ilio-psoas, parce qu’il est composé de deux faisceaux. Il est composé du faisceau iliaque et du faisceau psoas. Donc c’est le muscle ilio-psoas mais souvent, par raccourci, vous le verrez appelé muscle psoas.

Alors, c’est en effet un muscle fondamental de la statique parce qu‘il relie le membre inférieur au rachis. C’est le seul muscle à faire ça!

Le muscle ilio psoas est un muscle polyarticulaire. Cela signifie qu’il a une influence sur de nombreuses articulations : toutes les lombaires, le bassin et les hanches qu’on appelle coxo fémorales.

schéma illustrant le muscle Ilio Psoas
Le muscle Psoas peut être source de douleurs sur la hanche, le bassin ou le rachis lombaire

Insertion du muscle Ilio Psoas

Le muscle psoas, qu’on appelle également psoas major, prend insertion sur les vertèbres dorsales et lombaires :

  • sur la dernière vertèbre dorsale, qu’on appelle D12 ou T12,
  • et puis sur les quatre ou cinq vertèbres lombaires, sur le côté, sur les apophyses transverses, et à l’avant sur les corps vertébraux et les disques intervertébraux.
  • Tous les anatomistes ne le décrivent pas de la même manière, certains lui décrivent des insertions sur L5, la cinquième lombaire, d’autres non.

Le faisceau iliaque lui, prend son origine à l’intérieur de l’os coxal ou os iliaque et sur l’articulation sacro-iliaque et le sacrum. Vous savez, l’articulation sacro-iliaque, c’est celle qui est située en bas du dos latéralement. Ce qu’on appelle aussi les fossettes de Vénus. LEs articulations sacro-iliaques sont les deux petits creux qu’on peut observer au dessus des fessiers. Ce sont des points très souvent douloureux chez nos patients.

repérer les articulations sacroiliaques

Trajet et terminaison du muscle Psoas Iliaque

Le faisceau psoas majeur passe sous le diaphragme, traverse en bas et en dehors l’abdomen, donc il est profondément situé dans le ventre derrière les viscères digestives et puis il repasse en avant, il passe sous l’arcade crurale, ce qu’on appelle communément le pli inguinal, ou pli de l’aine, il est rejoint par le faisceau iliaque et l’ensemble de ces deux muscles se termine sur le petit trochanter, c’est-à-dire l’excroissance située juste sous la tête du fémur.

J’aimerais donc que vous posiez ceci : l’importance mécanique de ce muscle est fondamentale ! Ce muscle ilio-psoas régule l’équilibre entre les hanches, le bassin et les lombaires, donc notre socle, la base de notre rachis.

Action musculaire du muscle Psoas

  • sur la hanche

Au niveau de son action musculaire, en chaîne ouverte, c’est-à-dire quand le bassin est fixe et que la cuisse va se déplacer, le muscle ilio psoas ou psoas, je vais le dire indifféremment, va amener une flexion de hanche, c’est à dire qu’il amène la cuisse vers le ventre. Sachez également, mais c’est moins important à savoir, que le muscle psoas a une composante de rotation latérale ou rotation externe, une fois que la hanche est fléchie.

C’est un muscle qu’on va retrouver très souvent rétracté, donc on va être tenté de l’étirer, de l’allonger. En se contractant, le psoas réalise une flexion de hanche donc si je souhaite l’étirer, il faut que je fasse un mouvement inverse, c’est à dire une extension de hanche : j’éloigne ma cuisse du ventre.

  • sur le bassin

Là, on va voir maintenant l’action musculaire du muscle iliaque. on a vu qu’il s’insérait sur l’aile iliaque, donc quand il va se contracter, il va amener cette partie là de l’os iliaque qu’on appelle, l’épine iliaque antéro supérieure ou EIAS, il va l’emmener vers l’avant, donc mon EIAS va basculer en avant, c’est ce qu’on appelle une antéversion, donc le faisceau iliaque réalise une antéversion, c’est à dire qu’il va venir fermer le pli de l’aine, c’est ce qu’on appelle une chaîne fermée, puisque le fémur est fixe et cette fois-ci c’est le bassin qui bouge.

Donc si je veux étirer mon muscle, mon faisceau iliaque, je vais proposer une rétroversion du bassin c’est à dire en général, on utilise comme consigne « rentrez le coccyx » et la conséquence de tout ça va être que ça va ouvrir le pli de l aine, ça va allonger la distance entre mon épine iliaque antéro supérieure et mon fémur. je vais ouvrir le pli de l’aine.

Le muscle Iliaque réalise une antéversion
  • sur le rachis lombaire

Le psoas peut aussi se contracter de manière unilatérale. Je peux contracter uniquement le psoas droit. Donc là, vous voyez, je vais amener une inclinaison de mon rachis lombaire vers la droite, donc le psoas droit nous fait nous incliner à droite.

Il va réaliser également une rotation. Et là, vous voyez parce que le psoas s’insère sur les apophyses transverses, donc la composante, c’est de tracter vers l’avant l’apophyse transverse, au niveau lombaire. L’apophyse transverse va se retrouver avancée, tirée en avant par la contraction du muscle psoas, ça va créer une rotation controlatérale. Donc si je contracte mon psoas droit, je fais une rotation gauche. Une rotation s’appelle également une torsion en yoga.

  • sur les déformations pré-existantes

Et de profil alors ? Le psoas est souvent décrit comme lordosant, c’est à dire réalisant une cambrure. Vous voyez, il s’insère sur les apophyses transverses, les corps vertébraux et il part en avant. Alors, je suis désolée pour la simplicité du schéma, mais donc pendant longtemps les auteurs l’ont décrit comme lordosant, mais moi je préfère les descriptions actuelles qui le présentent comme aggravateur de toutes les lésions préexistantes. Si je suis déjà en lordose, c’est à dire cambré, le psoas prend la corde et me maintient dans ma lordose. Si je suis en cyphose, le psoas prend également la corde et me maintient dans cette cyphose. C’est également vrai avec les lésions rotatoires comme les scolioses.

Donc la logique à se souvenir, c’est que vraiment, si on veut allonger notre psoas, on va essentiellement rechercher une extension de hanche, puis une rétroversion du bassin et au niveau du rachis, on va surtout essayer de l’aligner de la manière la plus physiologique possible, on va essayer de faire sortir notre élève ou notre patient de sa compensation, on va essayer de l’amener vers la correction possible pour lui et on va lui proposer un auto grandissement, un gainage au niveau lombaire.

Vous verrez que ce n’est pas si problématique que ça, parce que le psoas est tellement rétracté, qu’en général déjà une simple extension de hanche, avec une petite rétroversion suffit à bien l’étirer!

Rôle Proprioceptif du muscle Ilio Psoas

J’aimerais également vous alerter sur le rôle proprioceptif du psoas, il agit un peu comme un chef d’orchestre pour toute cette région. C’est un muscle très puissant, mais aussi très fin. Il va venir ajuster les hanches, le bassin, les vertèbres lombaires, la charnière entre la région thoracique et la région lombaire. Il va faciliter le déplacement de chacune de ces structures les unes par rapport aux autres et particulièrement dans les paramètres rotatoires. Donc ça paraît intéressant d’apprendre, d’éduquer vos élèves, vos patients, à ce rôle proprioceptif : au minimum, maîtriser ce qu’est une anté / rétroversion : c’est à dire la bascule de l’épine iliaque antéro supérieure vers l’avant, ou la bascule du bassin en avant ou la bascule du bassin en arrière. On peut le faire assis, on peut le faire debout, on peut le faire à quatre pattes.

Voilà et pour ça, pour vous tenir en éveil sur cette vidéo, j’aimerais vous raconter une petite anecdote qui m’est arrivée récemment avec des pratiquants très avancés en yoga. Ils pratiquaient une forme de yoga très énergétique, alors ça m’a particulièrement marquée parce que coup sur coup j’ai eu deux pratiquants qui sont venus me voir avec la même problématique. C’étaient des hommes de la soixantaine. La première chose que je leur ai demandé à l’échauffement, c’était des bascules du bassin et j’étais stupéfaite de voir que ces deux hommes, pratiquants avancés, ne maîtrisaient absolument pas leur bassin. Ils n’avaient aucune conscience du placement de leur bassin en antéversion ou en rétroversion! Moi, ça m’étonne parce qu’en kinésithérapie, c’est un fondamental! On a besoin de cette maîtrise du socle. Je ne cherche pas à opposer la pratique énergétique et la pratique physique. On a un corps physique, moi c’est vraiment le sujet que je maîtrise et je trouve dommage de pas l’explorer au maximum !

Le muscle Psoas est un protecteur du rachis lombaire

Le Psoas agit dans un système de poutre composite

Alors, le psoas a aussi un rôle très important qui va être un rôle protecteur sur le rachis lombaire. Il va agir dans un système qu’on appelle une poutre composite avec les spinaux, donc ici je vous présente une coupe. Donc je vois la vertèbre, son corps vertébral et puis l’apophyse épineuse, les apophyses transverses et je vois que cette vertèbre est complètement manchonnée, c’est à dire entourée, gainée par le muscle psoas, latéralement et en avant et par les muscles spinaux. Ce que vous devez comprendre, c’est que si ce psoas et les spinaux sont toniques, et bien quand je fais un effort, quand je porte une charge, une partie des contraintes mécaniques va passer par les corps musculaires plutôt que de passer par la vertèbre et le disque intervertébral. Si bien que je rigidifie, je tonifie l’ensemble. Donc c’est ce qu’on appelle un système de poutre composite.

Le muscle Psoas et les spinaux forment une poutre composite protectrice du rachis lombaire.

Le Psoas a un rôle nourricier sur les corps vertébraux

Le muscle psoas prend son insertion, vous voyez directement sur le corps vertébral. À chaque contraction, il stimule les ostéoblastes, c’est-à-dire le fait de la synthèse osseuse donc on sait que le psoas a un rôle nourricier sur les corps vertébraux et un rôle protecteur dans les maladies de l’os notamment l’ostéoporose, qui rend l’os plus friable avec des tassements vertébraux. Donc le psoas est vraiment un protecteur, ainsi qu’un stabilisateur de la région lombaire, c’est indéniable.

Pourquoi le muscle Psoas est aussi souvent rétracté?

La position assise place le muscle Psoas en position courte.

Mais alors pourquoi ce psoas pose-t-il si souvent problème dans nos sociétés occidentales ? Alors effectivement il est très souvent rétracté, à cause de nos conditions de vie d’abord, parce qu’on passe trop de temps assis et vous savez qu’en position assise, alors vous pouvez toutes les explorer, que ce soit assis en tailleur, que ce soit assis sur une chaise, que ce soit assis sur un tabouret de bar, je suis toujours en flexion de hanche !

A partir du moment où je suis assis, j’ai toujours un psoas qui se retrouve en position raccourcie. Alors, quand je passe à 7h 8h 9h, 10h en position assise dans ma journée et bien ça va être difficile de retrouver de la longueur dans le muscle. Réfléchissez un petit peu à votre style de vie entre le temps de travail passé assis sur un bureau, le temps peut être passé assis dans les transports en commun ou bien assis à conduire ou bien assis dans un canapé, vous verrez que l’on passe énormément de temps en position assise.

Je vous signale aussi pour les amateurs de yoga, qu’en règle générale, mais peut-être que vous faites exception, mais en règle générale, quand les professeurs construisent leurs cours, il y a beaucoup plus de posture avec des flexions de hanche que des postures avec des extensions de hanches, donc ça peut être un petit tuyau, un petit conseil que je vous donne, c’est de rajouter toujours dans vos cours une ou deux postures avec plus d’extension de hanche : la posture du pigeon, les fentes basses, les fentes hautes, tout ça va vont amener des extensions de hanche, nous les verrons en détail dans une deuxième vidéo.

Le manque de marche avec pas postérieur raccourcit le Psoas

Il y a le problème de la marche ! Alors la marche : effectivement vous voyez quand je marche à grands pas je crée ce qu’on appelle un pas postérieur et donc ma hanche est en extension, donc j’ai bien un étirement du psoas très intéressant. Le souci, c’est que pour ça, il faut marcher dans certaines conditions. Il faut marcher donc à grands pas sans talons trop hauts, donc ça exclut la plupart des marches quotidiennes que nous avons tous. Marcher jusqu’à la machine à café, il y a peu de chances que ça vous étire vraiment le psoas. Dans les transports en commun, avec des talons ça ne marche pas ! De la même manière, la course à pied n’étire pas le psoas, au contraire elle le renforce, par les flexions de hanche. Voilà donc dans la vie quotidienne, voilà déjà des raisons biomécaniques, physiques, qui font que le psoas est toujours positionné plutôt en position courte, qu’en position longue chez quasiment tout le monde.

Seule la marche avec grand pas postérieur permet d’étirer le muscle psoas.

Influence d’un Psoas rétracté sur le vieillissement de la posture

Alors ce psoas trop court finalement, quel est le problème ? c’est que au niveau de la posture, on va avoir tendance, si le psoas n’arrive plus du tout à s’allonger, à rester dans une hanche figée en flexion. C’est ce qu’on appelle un flexum de hanche. Je tiens à vous signaler qu’il y a d’autres raisons que le psoas pour lesquelles on peut avoir un flexum de hanche. Un psoas trop court, qui ne permet donc plus d’aller en extension complète, va empêcher de se retrouver dans la situation de gauche, c’est à dire avec une hanche au minimum en rectitude, ou avec un petit peu d’extension et on va se retrouver dans la position de droite avec une hanche qui est perpétuellement en flexion. Vous voyez la hanche arrière elle est fléchie également et en fait il s’agit du vieillissement de la posture.

Le Psoas peut être responsable du vieillissement postural.

Alors évidemment quand on en est à ce stade là, c’est très visible, c’est ce qu’on appelle également la position du skieur, on va retrouver ça plutôt chez des gens très seniors, mais en fait si on aiguise son oeil vous allez voir que vous allez pouvoir le repérer dès la cinquantaine chez des populations sédentaires… et évidemment c’est beaucoup plus intéressant de travailler vers la cinquantaine pour essayer de maintenir une capacité d’extension de hanche, que d’attendre d’en être là ! Néanmoins, à tout âge on peut progresser et donc étirer son psoas, gagner en longueur, c’est une possibilité pour aller vers une jeunesse éternelle, posturale bien sûr ! C’est un point vraiment très important qui me tient à cœur dans la prévention pour le Bien vieillir.

Quel est l’impact du stress sur le tonus du Psoas?

Il a été question de l’impact du stress sur le tonus du muscle psoas, alors pourquoi ? Parce que quand on est stressé on a trois manières de réagir au stress. C’est notre cerveau reptilien qui nous impose cela. Soit on s’enfuit, soit on reste sidéré, soit on attaque. Et qu’on attaque ou qu’on s’enfuit, ça amène à une grande contraction du muscle psoas. Donc, j’ai souvent lu dans les milieux de santé alternative, qu’un état de stress chronique, favorisait une sorte de pré contraction du psoas, une pré tension sur le psoas, prêt à réagir !

Je dois être transparente avec vous, ça semble logique, dit comme ça. Cependant, en réalité, on ne me l’a jamais enseigné, dans des cours d’anatomie classiques, par exemple à l’école de kiné notamment. Je n’ai jamais entendu ce genre d’affirmation et je ne l’ai retrouvé dans aucun livre d’anatomie. Je ne l’ai retrouvé non plus dans aucune étude valable, si ce n’est une étude sur le psoas du boeuf ! Alors, on s’est rendu compte effectivement, que quand le bœuf était soumis à un état de stress avant l’ abattage, la qualité gustative de la viande était dégradée!

Donc moi, je n’ai pas trouvé de niveau de preuve suffisant pour vous dire que le stress influe sur le niveau de pré tension du psoas et j’aimerais opposer autre chose à cela. C’est que je suis convaincue, que le stress influe sur le niveau de tension musculaire ! Mais pas plus sur le psoas que, par exemple, sur les muscles des mâchoires, sur le diaphragme, sur les trapèzes. Donc j’ai l’impression surtout que ça dépend de notre organisation ! Si j’ai déjà tendance à avoir un psoas tendu, si je suis stressé, je vais renforcer cette tendance là. Si j’ai plutôt tendance à faire du bruxisme, donc serrer les mâchoires, je vais avoir tendance quand je suis stressée à renforcer mon bruxisme.

Le Psoas est-il le muscle poubelle ou muscle des émonctoires?

Après, vous verrez le muscle psoas décrit comme le muscle des émonctoires ou le muscle poubelle. Ce qui expliquerait son état de tension également. Alors là, c’est pareil, sachez qu’il n’y a aucune vérité scientifique derrière! Je vous ai mis un schéma très simplifié de l’anatomie, pour que vous voyez d’où est partie cette affirmation. Vous voyez ici le muscle psoas et vous voyez ici le rein. Entre les deux, il y a un fascia, donc un tissu de recouvrement, un tissu de glissement. Ainsi, le psoas est souvent décrit comme le rail du rein, comme un soutien pour le rein (vérité anatomique). Néanmoins, de manière scientifique, on ne peut pas dire que le psoas ait un rôle dans les fonctions d’élimination! Que ce soit par le rein, ou par le colon d’ailleurs, dont le psoas est assez proche !

Coupe anatomique par L2 montrant les rapports entre le Psoas et le Rein.

Alors, c’est vrai qu’on voit parfois à la radio des psoas calcifiés et il a été tentant de dire que c’était justement par ce rôle des émonctoires, ce rôle poubelle, que le psoas accumulerait les déchets du rein. Vraiment là, je prends beaucoup de précautions, moi je voudrais simplement dire que des calcifications, dans des tendons, on en retrouve partout dans le corps humain, c’est très fréquent au niveau des tendons de la coiffe des rotateurs, c’est-à-dire de l’épaule, on en retrouve énormément au niveau de ce qu’on appelle les épines calcanéennes, et donc là pour le coup il n’y a aucun rapport de proximité avec le rein ou le colon, et pourtant on a des zones calcifiées.

Donc n’oubliez pas qu’il y a aussi une théorie mécanique qui moi me parle plus évidemment, vu mon métier d’origine, qui est de dire : ben oui dans les zones où le corps encaisse trop de tension mécanique, le corps se protège, en calcifiant, en se durcissant.

Le muscle Psoas est-il le muscle de l’âme?

Pourquoi surnomme-t-on le Psoas le muscle de l’âme?

Et puis vous entendrez décrit le psoas comme étant le muscle de l’âme ! Alors, ça ça plaît, le muscle de l’âme, le muscle de nos émotions. Voilà, alors cette affirmation repose sur deux réalités anatomiques, qui sont les rapports du muscle psoas avec le système nerveux végétatif, qu’on appelle également système nerveux autonome, c’est-à-dire tout ce qui se passe dans notre corps en dehors de notre volonté : les battements du cœur, la digestion, la pression artérielle, la transpiration… voilà j’en passe vous comprenez le principe.. Donc le psoas, vous voyez ce système nerveux autonome est représentée ici en jaune, et donc vous voyez qu’effectivement le psoas a des rapports de proximité vraiment important avec le système nerveux autonome.

Schéma présentant les rapports anatomiques entre le diaphragme, le psoas et le système nerveux autonome.
Le Psoas serait le muscle de l’âme en raison de son rapport avec le système nerveux autonome et avec le diaphragme.

D’autre part, on attribue ce qualificatif de muscle de l’âme en raison du rapport avec le muscle diaphragme. Vous voyez, je vous ai dit que le muscle psoas majeur passait sous une arcade du diaphragme. Donc le psoas pourrait influencer le fonctionnement du muscle diaphragme.

Le diaphragme est le muscle du langage du corps

Ok, mais moi je vous le dis franchement, en tant que thérapeute, je pense que si il y a vraiment un muscle de l’âme, si on a ce genre de croyance, le vrai muscle de l’âme pour moi, c’est le diaphragme. Voyez, il est représenté ici et vous voyez qu’il a des rapports extrêmement complexes aussi avec le système nerveux autonome et que c’est lui qui permet la respiration. Le psoas, certes, influence la respiration mais le diaphragme est la respiration ! Et j’adore cette description, qui décrit la respiration comme étant le langage du corps. Moi je suis vraiment d’accord avec ça.

Qui du diaphragme ou du psoas est le muscle de l’âme?

Quand je pose mes mains sur le diaphragme d’un patient, j’ai énormément d’informations sur ce qu’il vit au niveau du stress, la manière dont il respire, son état de tension. Alors que quand je pose ma main sur son psoas, j’ai plus d’informations mécaniques : est-ce que son psoas est tendu? douloureux? est-ce que ça irradie vers les lombaires? et j’ai moins de ressenti émotionnel, respiratoire, du niveau de stress, d’angoisse, que je peux en avoir en posant mes mains sur le diaphragme.

Donc, c’est une affirmation personnelle Sachez que de toute façon, vous ne retrouverez dans aucun livre d’anatomie sérieux, ces dénominations de muscle de l’âme, ni pour le psoas, ni pour le diaphragme. Voilà et sincèrement je pense qu’on vit plus nos émotions par la respiration et le diaphragme, que par le muscle psoas.

Autres considérations sur le muscle de l’âme

J’en profite pour ajouter ici 2 commentaires pertinents sur cette affirmation du psoas étant le muscle de l’âme. Mon ami Alex Yoga, se demande quel besoin on a de rendre matériel, quelquechose d’immatériel comme l’âme? Un autre ami, ni yogi, ni anatomiste (et qui donc n’avait jamais entendu parler du Psoas avant que j’écrive dessus) m’a d’emblée répondu…ah moi j’aurais pensé que le muscle de l’âme, c’était celui du coeur.…Allez, je conclus avec humour, « Le Psoas est-il le muscle de l’âme? » Vous avez 4 heures.

La passion pour le muscle Psoas est-elle justifiée?

Alors je vais conclure cet exposé sur la passion pour le psoas, en vous disant que le psoas, donc vous l’avez compris, est un muscle qui est vraiment de manière majoritaire trop court, rétracté. On va devoir apprendre à relâcher, à détendre, avant même d’essayer de l’étirer !

Donc moi, comme thérapeute chez un de mes patients, je vais chercher à obtenir un état de souplesse, mais aussi de force, de tonus du psoas. On a vu son rôle nourricier, donc il est important qu’il soit tonique également, et puis son rôle proprioceptif.

J’aimerais vous dire que c’est un muscle effectivement hyper important de la statique! Mais pas moins qu’un diaphragme, qu’un périnée, ou que le muscle transverse abdominal! Il est absolument étonnant de raisonner de manière segmentée, comme ça, sur un muscle, qui fait partie de chaînes physiologiques. Il est vraiment fondamental de garder une vision holistique, globale de l’individu.

Dans une prochaine vidéo, nous verrons la partie pratique concernant le psoas : concrètement comment doit-on s’y prendre pour le relâcher, pour l’étirer? Comment on peut faire pour réveiller la proprioception de la zone ? Pour être sûr de ne pas rater la prochaine vidéo, abonnez-vous à ma chaîne youtube, ou bien rendez vous sur mon blog adapter son yoga.com. Vous pourrez y télécharger votre bonus gratuit sur les douleurs lombaires et le yoga et vous abonner à la newsletter. Je vous remercie pour votre écoute j’espère que cette vidéo vous a plu.

Dites-moi en commentaire si vous êtes un vrai passionné du psoas ? Ou si, grâce à cette vidéo, vous allez avoir un raisonnement un peu plus global?

À bientôt!

Muriel

Bibliographie

[1] Blandine Calais-Germain, Anatomie pour le mouvement, éditions desiris, 2013, p92, p234-235

[2] I.A. Kapandji, Physiologie Articulaire, Tome 2 le membre inférieur p50-51, Maloine, 1996

[3] Pierre Kamina, Précis d’Anatomie Clinique, Tome 1, p437-438, Maloine, 2004

[4] M. Lacôte, A.M. Chevalier, A. Miranda, J.R. Bleton, Evaluation clinique de la fonction musculaire, Maloine, 2001, p 318-320

[5] Léopold Busquet, Les chaînes physiologiques, la ceinture pelvienne, le membre inférieur, la relation « contenu-contenant ». Tome II, Editions Busquet, p117-125, 2018.

[6] Kate MW Loudon 1Garth Tarr 2Ian J Lean 3Rod Polkinghorne 4Pierre McGilchrist 5 6Frank R. Dunshea septGraham E. Gardner 5David W. Pethick 5L’impact du stress pré-abattage sur la qualité gustative du bœuf.

[7] Jean Louis Estrade. https://kinotes.fr/2019/11/13/therapie-manuelle-viscerale-peut-on-sortir-du-mystico-gelatineux-et-des-affirmations-sans-preuves/

[8] Bernadette de Gasquet, Jean Paul Bouteloup, Yoga sans dégâts!, Méthode de Gasquet, 2015, Marabout, 129-131.

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14 réflexions sur “Anatomie : tout savoir sur le Psoas, muscle de l’âme!”

  1. Super intéressant, et la phrase de Major Mouvement est si vraie, j’en ai fait l’expérience, haha ! J’aime bien ta manière de démystifier certaines affirmations en les replaçant dans le contexte scientifique.

    1. Merci Aline! C’est drôle parce que je parlais à une amie kiné, et à un de mes patients, médecin du sport, de cet article….et ils n’avaient JAMAIS entendu cette dénomination de muscle de l’âme!!!! C’est dire à quel point cette dénomination n’est finalement que peu connue en dehors des mileux de médecine douce.

  2. Waow! Quel article! Ultra complet et bien rédigé, j’y ai appris pleinde choses. Merci 😊

  3. dijouxcarolinediet

    Merci pour cet article très complet sur une partie du corps très négligé! J’ai compris l’intérêt de surveiller sa posture peu importe son âge

    1. Bonjour Caroline, ah oui, merci de soulever ce point de l’âge! J’ai régulièrement de jeunes patients en séances (20 -30 ans) et je peux déjà lire la manière dont leur dos va vieillir… je les motive toujours au maximum à prendre conscience de leurs déséquilibres…mais à cet âge, souvent sans douleur chronique, c’est difficile de les motiver!

  4. SALZE

    La clarté, la précision, la justesse de votre présentation ainsi que l’absence de position dogmatique est tout à fait passionnante. J’appréhenderai les blessures des sportifs avec plus de discernement dans l’avenir.
    Patrick – Médecin du sport

    1. Merci infiniment d’avoir pris le temps de me laisser un commentaire aussi encourageant et positif!

    1. Merci pour vos encouragements! c’est hyper motivant pour moi!

  5. Un article extrêmement complet, bravo !
    Je rajoute une petite information au passage : en naturopathie, on dit effectivement que le psoas est un des muscles poubelles (avec le pyramidal et les trapèzes). En ce qui concerne le psoas, c’est sa localisation anatomique proche du colon qui l’explique : en effet, de nos jours, l’alimentation est souvent non physiologique et donc la digestion est difficile. Le transit est souvent vu « normal » par les gens quand il vont à la selle une fois tous les 2 ou 3 jours… alors que d’un point de vue physiologique, il est naturel (et sain) d’aller à la selle au MINIMUM 1 fois par jour, voire de manière naturelle 2-3 fois par jour ( si on mange assez de légumes, entre autres….). Donc pour la plupart des gens, le transit est ralenti, ce qui fait que les toxines sont réabsorbées au niveau intestinal au lieu d’être éliminées par les selles. Ces toxines sont dont souvent très présentes et circulantes autour du côlon, ce qui génère une inflammation locale…. dont le psoas pâtit ! C’est une des raisons pour lesquelles on a souvent mal au bas du dos, non pas pour des raisons de lésions vertébrale ou discales, mais pour des raisons digestives. Bien des personnes voient leurs maux de dos diminuer quand leur digestif va mieux !
    Fin de la parenthèse du point de vue naturopathique sur le psoas 😉
    Il n’en reste pas moins que cet article est excellent, et d’autant plus important qu’effectivement beaucoup de gens ignorent jusqu’à l’existence de ce muscle, et dans une pratique sportive (moi c’était la danse), cela peut être très pénalisant de ne pas chouchouter le psoas !
    Merci !

    1. Merci pour votre retour Valérie et votre éclairage de naturopathe! Et effectivement, je vous confirme que bien des lombalgies sont liées globalement à des « désordres » digestifs. Par contre, je persiste, vous ne trouverez dans aucun livre d’anatomie classique ou médical un quelconque lien entre la constipation, les toxines et le psoas. Je sais bien que ce sont des enseignements classiquement transmis en naturopathie et en ostéopathie, mais ces arguments ne sont pas étayés d’un point de vue scientifique, à ma connaissance. Mais au final, à mon sens peu importe de savoir si c’est la constipation ou la sédentarité, ou le stress, ou la station assise, ou le psoas qui crée la lombalgie. De mon côté, je bilante : si j’ai un psoas court, je normalise son tonus. Si j’ai un patient sédentaire, je le fais bouger. Si j’ai un patient constipé, je veille à son alimentation. Le plus intéressant me semble donc de veiller à chercher des « pépites » chez nos patients, à savoir des points vraiment singuliers de leur bilan et à les traiter. Je reste modeste quant à la compréhension de tous les liens dans le corps et évite les liens théoriques évidents, qui risqueraient de me faire passer à côté d’une partie du bilan. Je suis souvent surprise par des organisations inattendues de postures. Merci en tout cas d’avoir pris le temps de partager vos connaissances.

  6. Giuliana Mattioli

    Bonjour Muriel,

    Merci beaucoup pour cette vidéo très instructive. J’aurais souhaité être informée de tout cela avant et agir en anticipation de la crise. En effet, maux aigus au posas droit depuis 10 jours, monter les escaliers est très douloureux. RDV chez le médecin dans 5 jours.
    J’ai vu sur le net que parfois il faut une intervention chirurgicale (sectionner la partie du posas dans l’aine qui cause la douleur) cela permet après cicatrisation que le posas retrouve sa détente/fluidité. J’avoue que essayer de le détendre lorsqu’il et pareillement enflammé ou avec tendinite c’est « galère ».
    Je me réjouis de lire vos articles sur les autres parties du corps dont il faut prendre soin avant d’être en état de crise.
    Mille mercis encore, Giuliana

    1. Bonjour Giuliana et merci pour votre commentaire. Vous semblez effectivement en phase aigue, ce qui est plutôt rare et demande un avis médical, donc bravo pour votre démarche. Tant que vous n’avez pas de diagnostic précis, votre objectif doit être de soulager au maximum la zone. Mettez vous au repos quelques jours, essayez de mettre le muscle en position courte le plus possible (par exemple allongée sur le dos, repliez votre jambe droite ou mettez un coussin sous les genoux). La chirurgie est rarissime, donc ne vous faites pas peur inutilement par avance. Attendez l’avis médical. Quand vous l’aurez, n’hésitez pas à nous tenir informés (moi et les futurs lecteurs de l’article). Je vous souhaite un bon rétablissement et tous mes vieux de psoas souple, tonique et relâché pour cette nouvelle année !

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