Le yoga méthode de Gasquet, vous connaissez sans doute ? Nombreux sont les enseignants de yoga et les professionnels de santé à se former à l’Institut de Gasquet. Vous hésitez peut-être également à rejoindre un cursus et vous cherchez à vous faire un avis sur la méthode de Gasquet ? Vous êtes au bon endroit !
J’ai eu la joie de pouvoir interviewer sa créatrice au parcours incroyable, le Dr Bernadette de Gasquet ! Elle m’a parlé avec passion des grandes rencontres de son épopée professionnelle, des heureux hasards qui l’ont poussée à devenir précurseur dans le yoga prénatal et spécialiste du périnée féminin. Bernadette de Gasquet profite aussi de cet interview pour faire des mises au point utiles sur sa méthode, notamment sur les contre indications ou les répétitions d’Uddiyana Bandha. J’avoue que je pensais tout savoir de la méthode de Gasquet avant l’interview…et que j’ai beaucoup appris pendant !
Je vous livre donc aujourd’hui notre riche échange, sous forme de vidéo, ou de vidéo commentée (pour bien saisir toutes les subtilités de son approche), de podcast ou bien d’article écrit… l’embarras du choix en somme ! Je vous souhaite avant tout une belle découverte de cette femme au parcours inspirant.
Méthode de Gasquet : parcours de son auteur
Qui est le Dr Bernadette de Gasquet ?
Muriel : Bonjour, Bernadette. Sois la bienvenue. je te remercie énormément d’avoir accepté mon invitation.
Bernadette : Merci beaucoup, Muriel. Bonjour à toutes.
Muriel : Pour moi qui suis kinésithérapeute, tu es la référence en matière de ….rééducation périnéale ! C’est assez amusant, car pendant des années, je ne savais même pas que tu étais liée au yoga.
Bernadette : À chaque fois qu’on me demande de me présenter pour un article ou autre, je précise pourtant systématiquement que je suis médecin et professeur de yoga !
Muriel : En fait, la chronologie de ta carrière commence par être professeur de yoga, puis médecin. Pour moi, tu es davantage reconnue pour ton expertise médicale, mais tu es aussi très connue du grand public en tant qu’auteur prolifique avec une quinzaine d’ouvrages à ton actif. Parmi eux, les célèbres Abdominaux : Arrêtez le massacre ! et Périnée : Arrêtez le massacre !. Plus récemment, tu as collaboré avec des judokas, notamment la championne olympique Clarisse Agbénénou pour le livre Maman et Sportive, et avec Teddy Riner pour La puissance insoupçonnée du gainage. Pourquoi cette collaboration avec des judokas en particulier ?
Bernadette : C’est un peu le fruit du hasard. J’ai une formatrice à l’Institut de Gasquet, Marie BOURGEON, qui est ostéopathe et qui était l’ostéopathe de Teddy. Elle connaissait Teddy et son entourage. Elle a tenté de transmettre certains messages de la méthode de Gasquet pour qu’ils envisagent autrement leur préparation. Teddy a rapidement compris. Le point commun, comme il me le dit, c’est qu’il voit beaucoup de jeunes dans les écoles de judo. Il sait qu’un seul d’entre eux pourra émerger, mais que la majorité restera sur le tapis. ils ne doivent pas être « cassés » par la pratique intense du judo. Il a donc une exigence : pratiquer un sport qui ne soit pas préjudiciable, surtout pour les jeunes.
Muriel : Cela fait totalement sens avec ton travail dans le monde du yoga!
Comment Bernadette de Gasquet a-t-elle débuté le yoga?
Muriel : Tu n’étais pas prédestinée à un tel parcours dans le yoga médical ; tu as en effet commencé par des études d’économie et de sciences politiques. Comment as-tu découvert le yoga, et à quel moment de ton parcours ?
Bernadette : J’ai découvert le yoga en arrivant à Paris en 1967. J’étais alors une jeune mariée et me sentais quelque peu perdue, venant de province. Comme j’étais mariée, je ne me retrouvais pas dans le profil d’une étudiante ordinaire. C’est à cette époque que j’ai rencontré, lors d’un cours de sport obligatoire à l’université, un professeur qui intégrait déjà de petites notions de yoga. La gymnastique de base ne m’attirait pas particulièrement, je trouvais cela très pesant de courir et de transpirer, ce n’était vraiment pas ma tasse de thé.
Mais avec cet enseignant, j’ai senti un intérêt naître. J’ai donc cherché des cours de yoga, et en 1967, le yoga n’était ni tendance ni populaire. Finalement, j’ai trouvé une professeure qui était une élève de André Van Lysebeth, ce qui a été significatif pour moi. J’ai continué à pratiquer, et mes collègues de bureau m’ont demandé de leur donner des cours. C’est là que l’envie d’enseigner s’est affirmée. Je me suis donc formée à enseigner le yoga, alors que je n’étais à l’époque qu’économiste de profession, travaillant chez Télécom.
Muriel : Et est-ce que tous les aspects du yoga t’ont intéressée dès le début ? Je parle de l’aspect respiratoire, postural et peut-être même méditatif ?
Bernadette : Non, au début, j’étais purement attirée par le côté posturo respiratoire. Cela est aussi un peu lié à l’époque ; si on regarde les ouvrages de André Van Lysebeth ou d’Eva Ruchpaul, l’accent était vraiment mis sur l’aspect physique, c’est-à-dire l’adaptation du yoga au monde occidental. À cette période, la méditation n’était pas du tout répandue ou populaire. J’étais aussi très jeune à l’époque, donc je me suis vraiment concentrée sur le côté posture et respiration.
Vers un yoga prénatal
Bernadette : C’est lors de mes accouchements que j’ai évolué et commencé à me poser des questions sur la physiologie de la naissance. Par hasard, j’ai accouché seule et ce que j’avais vécu et ressenti était à l’opposé de ce qu’on demandait habituellement aux femmes enceintes lors de l’accouchement (inspire, bloque, pousse).
Puis, j’ai été amenée à donner des cours à des futures mamans. En maternité, on réalise que la posture doit être extrêmement précise d’un point de vue biomécanique. Quand je dis précise, cela ne signifie pas qu’il existe une seule posture correcte, mais qu’il faut adapter la posture à chaque femme et à chaque duo mère-enfant, et en fait, l’adapter presque au jour le jour, car les besoins évoluent. Nous avons des signaux immédiats qui nous permettent d’ajuster ces postures.
Il y a des moments où l’on voit clairement qu’il y a un problème parce que la respiration n’est pas bonne, il y a une contraction, une douleur, un reflux, etc. Cela nous oblige à être extrêmement précis et très attentifs à l’observation de la personne.
Jacques Thiebault : une étape clé vers la méthode de Gasquet
Bernadette : C’est en 1980, après la naissance de mon troisième enfant, Laure, que j’ai rencontré Jacques Thiebault lors des assises du yoga. Sa façon d’aborder la biomécanique des postures, de questionner le pourquoi et le comment de nos actions, tout cela m’a énormément parlée. Pourquoi parfois, on n’obtient pas les résultats escomptés et comment obtenir les mêmes effets avec des postures adaptées ?
C’était ce que je pratiquais déjà avec les femmes enceintes. Par la suite, nous avons collaboré et il est devenu mon maître. À partir de ces bases, j’ai pu enrichir ma propre expérience en explorant l’anthropologie et en visitant de nombreux pays où subsistent des pratiques traditionnelles. Mais, pour abréger, les mamans que j’accompagnais dans mes cours de yoga (qui n’étaient pas des préparations à l’accouchement) étaient ravies. Cependant, une fois arrivées à la maternité, on leur demandait tout l’inverse en termes de posture et de respiration. Ce constat m’a amenée à me questionner : est-ce que je leur rendais vraiment service ?
Bernadette de Gasquet entreprend des études de médecine
Bernadette : J’ai réalisé que je ne pouvais pas dialoguer avec le monde médical, car je n’en maîtrisais pas le langage. Nous ne nous comprenions pas. Par exemple, pour moi, l’accouchement implique nécessairement une expiration, une expiration profonde.
Mais en face, le discours médical était différent, ce qui créait une incohérence. C’est pourquoi, à 38 ans, après avoir eu mes trois enfants, je me suis demandée si je devais tout arrêter ou si je devais trouver le moyen de communiquer efficacement avec le monde médical. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de tenter des études en médecine.
Muriel : Tenter ? Tu veux dire réussir, oui!
Bernadette : Oui, réussi. Je voulais tout savoir faire, m’occuper du genou, du diaphragme, de l’accouchement… Je ne pouvais pas me limiter à être kinésithérapeute ou sage-femme uniquement. Donc, j’ai fini par opter pour des études de médecine générale et j’ai tenté le concours d’entrée. Heureusement, j’ai réussi du premier coup, et voilà, cela m’a lancée dans un parcours de 8 ans d’études.
Développement de la méthode de Gasquet
Dr de Gasquet devient spécialiste du périnée grâce au yoga
Bernadette : Ma thèse [primée par la Fondation de France], c’est un point intéressant dans mon parcours, portait sur l’incontinence et l’accouchement, et donc sur les problèmes liés au périnée. Je suis devenue une « spécialiste du périnée » en peu de temps, et ce, principalement grâce au yoga, plus qu’à ce que j’ai appris en médecine. Dans le cursus médical, on ne s’attarde pas vraiment sur le périnée.
Muriel : C’est ça qui est absolument fabuleux dans ton parcours. Ce que j’aimerais que nos auditeurs comprennent, c’est que ta compréhension du périnée, de la grossesse et de la maternité t’est venue par le yoga, par ton ressenti, par tes expériences personnelles. Ensuite seulement, tu as appris la médecine. Ce n’est pas la médecine qui t’a amenée à cette vision.
Bernadette : Effectivement, je pense que j’ai eu de la chance. Lorsque j’étais seule pour mes deux premiers accouchements à l’hôpital, je n’ai jamais voulu me marginaliser, ni me différencier. À l’époque, il n’était même pas question d’accoucher ailleurs que dans une maternité. C’est mon expérience propre qui a guidé ma pratique. Si on m’avait dit à ce moment-là de bloquer et de pousser, je l’aurais fait sans question. Je n’avais pas d’aprioris. Personne ne m’a indiqué quand commencer à pousser une fois la dilatation complète. J’ai juste suivi ce qui se passait naturellement.
Ce n’est qu’après, que j’ai entendu qu’il fallait « s’entraîner, bloquer, pousser, travailler les abdominaux », etc. En me plongeant dans l’histoire de l’obstétrique, je me suis interrogée sur ces divergences. Je n’étais pas la seule, j’ai trouvé des films d’accouchements qui ressemblaient au mien. Je n’étais pas anormale. Alors pourquoi tant de divergences ? C’était tout mon questionnement. Et c’est vrai que, concernant le périnée, on en était juste aux prémices de la rééducation périnéale en France!
Méthode de Gasquet : une approche globale et avant gardiste du périnée
Bernadette : Au début, la rééducation périnéale était très scolaire, très descriptive. C’étaient surtout les hommes qui la pratiquaient et la développaient.
Muriel : Tu as collaboré étroitement avec Alain Bourcier, qui est à l’origine de la rééducation périnéale en France. Et là encore, tu as apporté une grande idée : intégrer le périnée dans une vision globale posturo respiratoire. Auparavant, le périnée était considéré comme un muscle isolé, travaillé de façon très segmentaire, sans l’inclure dans cette globalité.
Bernadette : Exactement. En 1980, lorsque j’ai rencontré Alain Bourcier, j’étais fascinée par la possibilité d’évaluer son périnée, car pour une femme, c’est quelque chose d’intérieur, de difficile à appréhender. On manque de références pour savoir si notre périnée est normal ou pas. On m’a dit qu’on pouvait évaluer son périnée comme son biceps. C’était intrigant. Alain m’a fait un test avec biofeedback, en observant la contraction et le relâchement du muscle, mais toujours dans la même position, semi-assise, jambes écartées, ce que je considérais comme la pire position. À l’époque, la rééducation périnéale se limitait à contracter et à relâcher le périnée, toujours dans la même position, une vision très réductrice, un peu comme pour le biceps.
Je me suis demandé ce que devenait mon périnée si j’étais à quatre pattes, accroupie, si je respirais, si je contractais les abdominaux ou les fessiers, etc. C’était une approche nouvelle pour lui, il ne s’était jamais posé la question. Alors nous avons commencé à tester sur moi en fonction des postures. En 1984, nous avons réalisé un film avec l’une de mes élèves enceintes, très avancée dans sa grossesse, qui maîtrisait bien son périnée. Le film s’intitulait ‘’Le périnée féminin, élément de prévention des prolapsus’’, mais c’était prématuré pour l’époque. Même le réalisateur était même nerveux à l’idée de filmer le périnée en gros plan.
Ce film est toujours visible dans certains de mes programmes car il contient tout : les positions, la respiration, les adducteurs, la poussée, etc.
Bernadette De Gasquet et A. Kapandji
Muriel : Tu as également eu l’occasion de rencontrer Adalbert Kapandji, qui est bien connu des étudiants en kinésithérapie. Ses ouvrages sur la biomécanique sont des références incontournables et nous font faire des cauchemars les veilles d’examen. Pourrais-tu nous parler un peu de cette rencontre?
Bernadette : J’ai rencontré Adalbert Kapandji lors d’un congrès en Suisse, c’était au début des années 2000, je ne me souviens plus exactement de la date. Je lui ai présenté mon livre intitulé ‘’Abdominaux, arrêtez le massacre’’, paru en 2003. Dans cet ouvrage, j’avais utilisé les schémas de Kapandji pour illustrer l’anatomie des abdominaux, en citant bien sûr la source. Je lui ai offert mon livre en le remerciant, m’attendant à ce qu’il le dépose quelque part et l’oublie, car je n’étais pas une figure connue à l’époque.
Mais contre toute attente, il m’a rappelée. Il m’a confiée qu’après avoir lu mon livre, il s’était rendu compte que dans les ouvrages d’anatomie du mouvement, y compris son propre travail sur la physiologie articulaire du tronc, de la tête et des membres, le périnée avait été négligé, oublié presque systématiquement par tous les auteurs, dont Blandine Calais Germain. Il était donc désireux de collaborer avec moi pour réexaminer cette partie de l’anatomie.
Nous avons travaillé ensemble de manière assez ludique, en utilisant des gommettes et un ruban de couturière pour explorer le concept du losange de Michaelis. Kapandji avait un talent manuel extraordinaire et cette capacité à illustrer les concepts de façon très visuelle, c’était absolument fabuleux.
Il a créé pour moi des dessins du périnée en fonction des différentes positions des fémurs, parce que les vues habituelles du périnée dans les planches anatomiques sont toujours les mêmes. Il a pris en compte la rotation des fémurs, un sujet que je mets en avant depuis 1994 et qui est désormais présent sur tous les réseaux. Grâce à cette nouvelle perspective, il a pu illustrer ce qui se passe dans le périnée et le bassin. Ces travaux peuvent être retrouvés dans la vidéo de l’Université de Lyon intitulée » Anatomie 3D Lyon : Nutation contre-nutation dans l’accouchement ’’, basée sur les schémas de Kapandji.
Muriel : Je tiens également à partager mon expérience personnelle. Pendant ma formation en kinésithérapie dans les années 2000, qui s’est déroulée dans une école réputée, nous avons eu un seul cours sur le périnée axé sur l’accouchement, et après cela, le sujet n’a plus jamais été abordé. L’apprentissage des exercices abdominaux était très peu pointu, hyperpressif uniquement, malgré la renommée de l’école. L’éducation sur le périnée restait très limitée. En 3 ans de formation, nous n’avons eu qu’un seul cours sur le périnée lors de l’accouchement. Je voulais souligner ce fait pour mettre en perspective l’aspect historique et reconnaître à quel point ton travail a été innovant et pionnier.
Méthode de Gasquet : des contenus en avance sur leur temps
Muriel : Maintenant, certaines notions sur le périnée nous semblent évidentes, mais à l’époque, elles ne l’étaient pas du tout.
Bernadette : Merci, mais parfois être en avance sur son temps peut être compliqué.
Bernadette : Quand j’ai publié mon livre sur l’abus sexuel, c’était en 2002, beaucoup trop tôt aussi, parce qu’il fallait « passer à la caisse », et je n’avais alors pas la diffusion que j’ai aujourd’hui.
Muriel : Quand tu dis « passer à la caisse », tu veux dire que les gens avaient honte d’acheter ce livre en public, à cause du regard des autres ?
Bernadette : Bien sûr, je pense que c’est difficile. Il y avait ce problème avec ce livre sur l’abus sexuel, et aussi avec ‘’Constipation solution’’.
Muriel : D’accord. Et ‘’Constipation solution’’ est sorti en quelle année ?
Bernadette : Alors, exactement, je ne m’en souviens plus, mais c’est dans la période entre 2000 et 2005. Pour ‘’Constipation solution’’, c’était la même chose, il fallait oser le prendre et aller jusqu’à la caisse en souriant.
Muriel : Je vois ! C’est l’occasion de rappeler ici que l’une des premières choses à prendre en charge chez une patiente qui souffre de troubles du périnée, quel que soit le trouble, c’est de traiter sa constipation. C’est une des bases du traitement, n’est-ce pas ? Je suppose que tu es toujours d’accord avec ça.
Bernadette : Oui, tout à fait. Le nombre de personnes concernées, de tous âges, hommes, femmes, enfants, quel que soit le mode de vie, est considérable. La constipation est un problème très répandu. À l’époque, c’était même le premier budget d’automédication. Tout le monde essaye de trouver des solutions par soi-même. La constipation toucherait plus de 50 % de la population. Et si on inclut les personnes âgées ou les individus sous traitement médical qui provoque de la constipation, le pourcentage est encore plus élevé.
Yoga, Fascia et Biotenségrité
Muriel : Dans le monde du yoga, les tendances évoluent également, et actuellement, on observe un engouement pour le Fascia, avec des concepts comme la biotenségrité, qui prennent de l’ampleur. Pourrais-tu nous expliquer simplement ces notions pour nos auditeurs et nous dire si ces idées sont réellement nouvelles ?
Bernadette : Alors, ce n’est pas nouveau, cela ne s’appelait pas « fascia » mais « tissu conjonctif ». Et pour rendre hommage à Kapandji, dans son dernier ouvrage – alors qu’il n’était vraiment plus jeune – il était parfaitement à jour. Il parlait déjà de tenségrité. Il y citait les travaux de Dr Jean Claude Guimberteau et cette notion de fascia.
Dans le yoga, c’est évident puisque l’approche est globale : on prend en compte la respiration et le mouvement dans son ensemble. On peut bouger en restant immobile, c’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire de sauter ou de courir ; beaucoup de mouvements se font à l’intérieur et tout est connecté. J’ai passé une IRM en inspirant profondément et on peut voir tout ce qui bouge à l’intérieur quand le diaphragme se déplace, c’est exactement cela.
Le fascia est intéressant, mais on ne sait pas très bien encore comment les travailler, les étirer, les renforcer ; ce n’est pas si simple. Donc, effectivement, c’est par la respiration et la mobilisation interne que cela se fait, et oui, le yoga est complètement en phase avec ça. Je conseille, pour ceux qui s’intéressent, de chercher sur internet des extraits des travaux du Dr Jean Claude Guimberteau, c’est splendide. C’est un véritable feu d’artifice ; quand on touche une partie du corps, tout le reste est concerné. Il y a des vidéos comme ‘’ Fascia : Architectures d’intérieur ‘’ qui l’illustrent bien.
Bernadette : Il existe de petits extraits accessibles qui sont, à mon avis, véritablement magiques. Ils expliquent aussi tout l’intérêt du massage, lequel ne se limite pas à la surface, n’affectant pas uniquement la peau ou le muscle, mais va jusqu’à l’os et touche toutes les couches. Ces ressources dévoilent également le fonctionnement des adhérences, des brides et des cicatrices qui entravent le passage ; l’énergie ne circule pas.
Certes, en yoga, nous parlons d’énergie, mais sa mesure, sa représentation, etc., restent évasives. C’est similaire avec le fascia; ce sont des éléments perceptibles, bien présents, mais difficiles à mesurer ou à visualiser concrètement, même avec l’imagerie médicale, c’est compliqué.
Les techniques hypopressives dans la méthode De Gasquet
Uddiyana bandha
Muriel : Tu as également beaucoup conceptualisé les notions de caissons et de bandhas. Est-ce que ces concepts t’ont été révélés par la pratique elle-même ?
Bernadette : Oui, mais les rencontres ont eu un rôle déterminant pour affiner ma pratique. Je pratiquais déjà Uddiyana Bandha ou Nauli, mais je le faisais machinalement, sans y prêter une attention particulière, comme j’aurais fait une chandelle ou autre. Mon intérêt s’est accru, lorsque j’ai rencontré Marcel Caufriez, kinésithérapeute belge, instigateur de la gymnastique abdominale hypopressive.
En observant les photographies de la gym hypopressive, aujourd’hui nommée « stomach vacuum », on constate que la méthode n’est en rien récente, c’est vraiment Uddiyana Bandha. C’est après avoir compris l’influence de la gymnastique hypopressive sur le périnée, l’incontinence et le prolapsus, que j’ai réalisé l’importance capitale d’Uddiyana Bandha. Ce n’était plus un simple exercice anodin. Ma curiosité éveillée, j’ai cherché à approfondir Uddiyana Bandha : ce qu’il était, comment et pourquoi le pratiquer. J’étais, comme souvent, fascinée de constater que, par le yoga, les anciens avaient tout compris. sans pouvoir l’expliciter ou le mesurer de manière scientifique, comme nous aujourd’hui.
Il y a donc bien trois « bandhas ». Mula Bandha correspond au périnée, anciennement décrit comme la « remontée de l’anus ». Cette notion coïncide avec l’idée de partir du bas, de remonter. La « remontée de l’anus » s’effectue grâce au muscle appelé « élévateur de l’anus » par les anatomistes modernes !
La médecine sous estime encore les bénéfices d’Uddiyana Bandha
Ensuite, il est nécessaire de remonter le diaphragme, une notion que la médecine n’a peut-être pas encore pleinement saisie. On n’a pas encore compris à quel point remonter le diaphragme au-delà de l’expiration amenait de bénéfices incroyables, sur les pressions, le drainage, l’essorage, le retour veineux et lymphatique. Cette mobilisation impacte le grill costal, le foie, les reins et agit sur les viscères, ainsi que sur les fonctions respiratoires, digestives, circulatoires, hormonales (en venant bouger les surrénales, les ovaires…).
Le mouvement du diaphragme est inefficace sans une posture adéquate et sans le soulèvement du sternum. Pour ce faire, il est essentiel de bien positionner la nuque, ce qui implique une chaîne de placements corrects, pour être efficace.
Muriel : Est-ce que tu pourrais préciser ce que tu entends par « remonter le diaphragme au-delà de l’expiration » ?
Bernadette : Quand on expire dans le bon sens, parce qu’il y a plein de gens qui respirent à l’envers, théoriquement on pousse le diaphragme vers le haut. Déjà, trouver des muscles qui poussent vers le haut, ce n’est pas évident. Beaucoup de muscles tirent vers le bas ou serrent au milieu. Et si on est un peu logique, on part du plus bas, c’est notre fameux tube de dentifrice. Donc, à partir de Mula Bandha, on remonte l’anus, et puis on expire, parce que c’est l’expiration, normalement, qui pousse le diaphragme vers le haut.
Mais si je me contente d’expirer à fond, je n’ai pas créé de vide ! Je n’ai pas créé ce mouvement que Caufriez appelle l’aimantation ou l’aspiration. Pour créer l’aspiration, il ne faut pas seulement pousser le piston diaphragme mais après, il faut le tirer encore vers le haut. Et pour le tirer encore plus vers le haut, alors qu’on est au bout de l’expiration, on va monter le sternum, mais sans inspirer (en apnée). Si à ce moment là on inspire, le diaphragme redescend.
Les Contre-Indications à Uddiyana Bandha
Bernadette : Alors, ce qui est compliqué, c’est que moi, quand j’ai appris le yoga, on ne parlait pas de contre-indications. Et on a parlé des contre-indications à partir des travaux de Marcel Caufriez, parce qu’il a un protocole de travail extrêmement précis, mais extrêmement exigeant. Il demande des apnées très longues et il fait de nombreuses répétitions pour arriver à modifier les gaz du sang.
La pratique est d’une puissance considérable et, dans ce contexte, certaines contre-indications prudentes et de bons sens sont à observer : ne pas le faire faire à une femme enceinte. Toutefois, étant donné la durée des apnées, il est improbable qu’une femme enceinte souhaite s’y adonner. Il conseille également de l’éviter chez les personnes cardiaques ou celles souffrant d’insuffisance respiratoire ou d’hypertension artérielle. Ces avertissements relèvent davantage de principes de précaution, car il n’y a pas eu d’études poussées, ni de mesures effectuées à ce sujet. Mais, je me répète, la pratique de Marcel Caufriez est intense !
Personnellement, lorsque je le pratique, je me contente de deux ou trois répétitions, consistant simplement à faire remonter le diaphragme au-delà de l’expiration, sans chercher à prolonger les apnées. De mon expérience, il y a donc peu de contre-indications à Uddiyana Bandha. Certains inconforts peuvent survenir, comme chez une personne souffrant d’une hernie hiatale ou chez une femme enceinte ayant un utérus très haut, accompagné de nombreux reflux. Néanmoins, pour quelqu’un sans pathologie particulière, il s’agit d’un léger mouvement de barratage, de ventouse, comparable à rester dans une posture inversée pendant un certain temps.
Bien qu’inconfortable, la fausse inspiration n’est pas dangereuse. Il est frustrant de constamment voir les gens faire l’amalgame et penser que la fausse inspiration est contre-indiquée pendant la grossesse. Une femme ayant un utérus très bas, qui comprime tout, qui souffre de varices vulvaires, de varices aux jambes, d’hémorroïdes et qui ne rêve que remonter son ventre et se mettre à l’envers, trouve un grand soulagement dans cette pratique. Finalement, faire une fausse inspiration c’est un peu comme un vomissement. Et heureusement que le vomissement n’est pas dangereux chez la femme enceinte ! Ce n’est pas confortable, mais c’est sans danger.
De plus, selon mon expérience, la fausse inspiration ne provoque pas de contraction pendant la grossesse, contrairement à n’importe quel mouvement des muscles Grands Droits de l’abdomen. Par exemple, le simple fait de lever la tête ou de se retourner entraîne une contraction. Mais avec la fausse inspiration, il n’y a pas de contraction. Par ailleurs, on ne peut pas provoquer de contractions qui ouvrent le col utérin, tant qu’il n’est pas mûr hormonalement. Et, même avec des hormones de synthèse, on n’arrive pas à déclencher tous les accouchements, il faut que le corps soit prêt.
En revanche, pourquoi pratiquer la fausse inspiration ? Ceux qui le réalisent de manière très spectaculaire n’en auraient justement pas besoin. Leurs côtes sont déjà bien ouvertes, et lorsqu’ils les ouvrent encore plus, c’est souvent une forme d’exagération. Ce qui est trop facile ne doit pas être trop privilégié ; il est plutôt conseillé de s’attaquer à ce qui nous est difficile. Ainsi, l’exercice s’avère plus bénéfique pour ceux dont les côtes sont peu mobiles et ils sont nombreux.
Ainsi, l’exercice s’avère intéressant pour ceux dont les côtes sont peu mobiles ou rigides. Il existe beaucoup de personnes dans cette situation, et pour elles, oui, cela peut vraiment être bénéfique. Retrouver cette mobilité peut leur apporter beaucoup. En revanche, lorsque l’écartement des côtes devient trop aisé et visible, l’exercice ne procure plus aucun bénéfice supplémentaire.
Muriel : C’est effectivement le cas ! Les personnes les plus restreintes au niveau du diaphragme, celles qui n’ont pas la capacité d’ouvrir les côtes, évitent souvent ce type de mouvement, parce qu’il est trop difficile pour elle. Pourtant, c’est précisément elles qui en auraient besoin et qui tireraient un énorme bénéfice à gagner ne serait-ce qu’un petit peu de mobilité.
Bernadette : Je rebondis sur ce point et profite de l’occasion pour dire que…
Muriel : Bien sûr.
Bernadette : Les contre-indications mentionnées par Caufriez ont entraîné une réticence généralisée à pratiquer la fausse inspiration thoracique, également connue sous le nom de Uddiyana Bandha. Il est souvent dit qu’elle ne devrait pas être pratiquée par les femmes enceintes, entre autres. Cependant, je n’ai jamais souscrit à cette affirmation, car l’approche que j’emploie est très limitée. Je l’effectue une ou deux fois seulement, et finalement, en termes de posture et d’effets physiologiques, cela s’apparente à un vomissement. Si le vomissement était réellement préjudiciable, en particulier pour les femmes enceintes, cela serait très problématique.
Muriel : Oui, je comprends.
Bernadette : Bien qu’inconfortable, ce n’est pas dangereux. Il est frustrant de constamment voir les gens faire l’amalgame et penser que la fausse inspiration est contre-indiquée pendant la grossesse. Une femme ayant un utérus très bas, qui subit une compression, qui souffre de varices vulvaires, de varices aux jambes, d’ hémorroïdes et qui ne souhaite que remonter son abdomen et s’inverser, trouve un grand soulagement dans cette pratique. Il faut toujours examiner la situation spécifique de chaque individu.
Muriel : Oui, et peut-être qu’il faut aussi distinguer entre une grossesse physiologique et une grossesse pathologique, surtout en ce qui concerne les risques d’accouchement prématuré et autres complications.
Bernadette : En réalité, la fausse inspiration ne provoque pas de contraction.
Muriel : D’accord.
Bernadette : Selon mon expérience, la fausse inspiration ne déclenche pas de contraction pendant la grossesse, contrairement à d’autres mouvements. Par exemple, le simple fait de lever la tête peut entraîner une contraction, tout comme se tourner ou appuyer sur le ventre. Mais avec la fausse inspiration, il n’y a pas de contraction. On ne peut pas provoquer de contractions qui ouvriraient le col utérin avant que le corps ne soit prêt, hormonalement mûr. C’est pourquoi, même avec des hormones de synthèse, on ne peut pas déclencher l’accouchement à tout moment ; parfois, cela ne fonctionne tout simplement pas, parce que le corps n’est pas prêt.
Muriel : Merci infiniment pour toutes ces précisions, car cela corrige beaucoup d’idées reçues concernant les indications et contre-indications de l’Uddiyana Bandha et dans la méthode de Gasquet.
Les purges respiratoires méthode De Gasquet
Muriel : Alors, dans le yoga de Gasquet, quelle place occupent les respirations, en particulier les fausses inspirations thoraciques, par rapport à l’expiration physiologique ?
Bernadette : Elles ont une place très réduite. C’est un exercice que j’inclus, mais dans les cours de base, je me concentre surtout sur la purge respiratoire. Je fais travailler les élèves pour qu’ils respirent profondément et vident toutes les parties du poumon. Cela permet de renouveler l’air et d’augmenter la mobilité du sternum et des côtes, en respirant de l’avant vers l’arrière et de droite à gauche.
Je fais peu de fausses inspirations. J’en propose après Noël pour l’aspect détox, mais ce n’est pas ma manière principale de travailler les abdominaux. Je pratique les abdominaux normo-pressifs, mais assez rarement les hypopressifs parce que dans la vie de tous les jours, on n’est pas en hypopression. Quand je soulève une charge, je dois me protéger, donc je le fais de manière hyperpressive, en poussant vers le haut plutôt que vers le bas.
Donc, je ne pratique pas énormément la fausse inspiration, elle est un exercice parmi tant d’autres.
En revanche, ma méthode est posturo-respiratoire, ce qui signifie qu’il y a une respiration spécifique pour chaque posture. Dans les bases, l’expiration est toujours utilisée pour le temps actif, le temps d’effort. Mais selon la posture, cela peut être plus orienté à droite, à gauche, en haut ou en bas. La posture détermine la respiration, et la respiration façonne la posture. Mais non, je ne pratique pas beaucoup la fausse inspiration, je fais surtout beaucoup d’expirations.
Muriel : Oui, c’est une précision vraiment importante, car il existe une idée préconçue que la méthode de Gasquet repose uniquement sur l’apnée et la fausse inspiration thoracique.
Bernadette : Oui, on me demande souvent d’écrire un article sur la gymnastique hypopressive. Je tiens à préciser que je ne suis pas uniquement cela. La gym hypopressive, c’est Marcel Caufriez. Moi, je suis normo pressif, hyper et hypopressif de temps en temps.
Muriel : Et cette purge respiratoire dont tu parles, c’est pareil, je pense que c’est vraiment ta marque de fabrique. J’ai suivi beaucoup de formations en rééducation gymnique, et c’est vraiment chez toi que j’ai appris ces techniques. Ensuite, je les ai énormément utilisées. Elles sont vraiment sensationnelles, très fines, très précises, et elles ne proviennent pas non plus du monde habituel des pranayamas en yoga.
Bernadette : Oui, c’est un peu Jacques Thiebault.
Muriel : Voilà, on sent qu’il y a une patte de kiné ;), un style unique que l’on ne trouve pas ailleurs. Est-ce que tu pourrais nous définir précisément le but ? C’est vraiment d’aller chercher loin une expiration dans des postures différentes pour vidanger chaque partie du poumon, est-ce bien résumé comme ça ?
Bernadette : C’est, d’abord, le piston diaphragme. On pousse le diaphragme vers le haut.
D’abord, on laisse entrer l’air sans le chercher activement, on ne gonfle pas le ventre, on ne serre pas le ventre. A l’expiration, on pousse vers le haut (Bernadette lève les bras) et on inspire quand on ramène les mains sur la tête, ce qui est l’inverse de beaucoup de pratiques.
Pour beaucoup de pratiques, on inspire en s’ouvrant et on expire en se refermant, mais avec moi, c’est j’expire en me grandissant et j’inspire en me refermant. Et cela se justifie dans de nombreux domaines, quand on y réfléchit bien. Lisez cet article pour en savoir plus. Spontanément, cependant les gens font plutôt l’inverse. C’est le premier point : augmenter la mobilité du piston diaphragme.
Ensuite, on essaie de redresser le haut du dos en ouvrant le devant et en creusant le haut du dos, mais seulement le haut, sans accentuer la lordose ou la cambrure. Ainsi, l’air va là où il y a de la place. Donc, quand j’inspire, ça ferme derrière, ça va vider l’arrière et ça va remplir l’avant.
Après, je fais l’inverse : je vide l’avant et l’air va aller derrière. En fonction des zones douloureuses ou des zones de scoliose qui sont creusées d’un côté et où la respiration est absente, on peut diriger l’air qui va faire bouger les côtes, ce qui va modifier la posture.
Pourquoi contracter le périnée à l’expiration ?
Muriel : Voilà, ce sont des techniques fabuleuses. Alors les professeurs de yoga se posent énormément de questions sur quelque chose qui est absolument naturel pour un kinésithérapeute : c’est d’engager le périnée sur l’expiration. J’imagine que je ne suis pas la première à te poser la question. Donc, pour les kinés, pour nous, c’est normal, c’est la physiologie, c’est la biomécanique. Mais pour beaucoup de profs de yoga, ils ne comprennent pas pourquoi on engage sur l’expiration. Est-ce que ça t’ennuie de revenir là-dessus ?
Bernadette : Il n’est pas certain que je dispose d’une réponse pour chaque question ou pour chacun, mais il est fréquemment observé que de nombreuses personnes respirent de manière inadaptée. En inspirant, ils soulèvent leur corps, pensant ainsi : « Il est plus facile de contracter le périnée en inspirant. Cela monte, cela monte. » Certes, cela monte, mais, premièrement, la respiration est inversée, et deuxièmement, ce n’est pas le périnée qui s’est contracté pour remonter. Le périnée a été remonté…ce qui n’est pas la même chose que remonter son périnée.
Cela donne l’impression de fonctionner, mais à quoi cela sert ? Lorsque j’évoque Mula Bandha, je parle de résister aux forces descendantes, à la gravité, et de POUSSER vers le haut. Cela correspond parfaitement au yoga. La Kundalini se trouve bien en bas ? Le Chakra racine est bien en bas. Je dois la faire monter, ce qui s’harmonise avec l’idée d’élévation, de redressement. La démarche n’est pas descendante.
L’inspiration (Bernadette de gasquet montre une inspiration buccale intensifiée) n’est pas une respiration de détente, de relaxation, mais plutôt une respiration de peur. On conseille souvent : « Respirez profondément pour vous détendre », (et Bernadette imite de nouveau un élève qui inspire exagérément par la bouche) mais cela n’est pas la véritable respiration profonde et tend davantage vers la peur que vers la détente. Et nous trouvons cela normal, facile.
Muriel : C’est un mouvement qui semble intuitif et spontané, le fait d’inspirer en montant les bras, en montant les côtes et donc en contractant le périnée. Tout monte.
Bernadette : disons que quand on sent que ça remonte ça paraît plus facile de serrer le périnée. Mais en fait, souvent c’est passif dans le périnée. Quand je contracte vraiment, je dois partir du bas et je dois remonter l’anus et l’espace entre les deux fesses, les 2 ischions.
Bernadette : On pourrait penser que c’est plus facile de le serrer lorsqu’on sent que ça remonte. Cependant, l’action effective nécessite un engagement depuis une position plus basse, en travaillant les muscles internes.
Le périnée est nécessairement détendu à l’inspiration
Muriel : Et le temps inspiratoire est plutôt un temps passif pour le périnée où l’on peut le relâcher et le détendre.
Bernadette : En réalité, le périnée est déjà détendu. Comme il s’agit d’une contraction volontaire et phasique, c’est-à-dire une contraction de mouvement qui raccourcit le muscle temporairement, elle ne peut pas être maintenue indéfiniment. Par exemple, si je plie mon coude, je ne vais pas rester dans cette position toute ma vie. Les contractions phasiques sont conçues pour un cycle de contraction et de relâchement, pour permettre le mouvement, mais pas pour rester longtemps (à l’opposé des contractions toniques). Ce ne sont pas des muscles de tonus, conçus pour soutenir une tension continue.
Ainsi, lorsqu’on contracte le périnée et qu’on soulève le diaphragme, le périnée doit se détendre. Si on reste verrouillé dans le périnée, le diaphragme ne peut pas monter, on bloque tout vers le bas, rien ne peut remonter. C’est un concept difficile à comprendre : on initie par une contraction, puis c’est le diaphragme qui prend le relais en tirant vers le haut, et à ce moment-là, le périnée se détend.
La détente du périnée survient lors de la remontée passive, comme lorsqu’on est sur la tête, le périnée ne se contracte pas. De même, lorsqu’on éternue et que le diaphragme est poussé vers le haut, le périnée ne se contracte pas. Pour vérifier cela, si l’on manque de sensibilité dans le périnée, on peut prendre une cuillère à café et déclencher le réflexe nauséeux pour observer si le périnée se contracte. Il ne se contracte pas ! C’est d’ailleurs amusant de constater que en obstétrique, lors de l’accouchement, le vomissement peut être bénéfique, car il relâche le périnée, tout en contractant les abdominaux et en remontant l’utérus.
Muriel : Effectivement, ces notions n’étaient pas claires malgré ma formation approfondie, y compris la méthode de Gasquet. Aujourd’hui, elles prennent sens et m’apportent également un éclairage supplémentaire. Merci pour tes explications.
Le périnée hypertonique dans la méthode de Gasquet
Muriel : Les instructions diffèrent-elles pour les périnées hypertoniques ?
Bernadette : En réalité, le périnée fonctionne de manière similaire au diaphragme. Lorsqu’on évoque le périnée, on le qualifie souvent de trop mou, trop dur ou trop rigide. Toutefois, c’est moins une question de la musculature elle-même, que de ses insertions. Un diaphragme bloqué implique souvent une rigidité des côtes ; de même, un périnée immobile est souvent associé à un bassin très fermé, avec les os du bassin maintenus en position raccourcie.
Et le périnée hypertonique ne bouge pas. Il est déjà très fermé, contracté. Il ne peut ni se contracter plus, ni se détendre de manière effective. C’est comparable au biceps : si je plie et tend mon coude, le biceps fonctionne, se développe et se contracte tout en conservant sa capacité d’étirement. Cependant, si je maintiens mon coude en flexion, le biceps paraît gonflé sans avoir travaillé, et il ne bougera ni lors d’une tentative de contraction supplémentaire, ni lors d’un relâchement. Masser longuement ce biceps ne changerait pas cet état. Seule la libération de l’articulation, en étendant le coude est utile pour que le biceps retrouve ses capacités de contraction et relâchement.
Ces périnées hypertoniques sont caractéristiques de bassins fermés, souvent maintenus ainsi par des muscles qui les ferment, comme les rotateurs externes de la hanche. Cela est courant chez les sportifs, car la position debout requiert une base stable.
On cherche souvent à traiter le problème du périnée hypertoniques musculairement : le renforcer, le raffermir, l’étirer. Il existe de nombreuses méthodes prétendument adaptées à la préparation du périnée, mais le véritable enjeu réside dans la mobilité du bassin.
Or, on confond fréquemment la mobilisation du bassin avec les mouvements de cambrure et de décambrure, qui ne sont en fait que la mobilisation d’une charnière, sans mobilité du bassin. On bouge toujours la même charnière (lombo-sacrée), celle où il y a toutes les hernies, sans bouger le bassin.
Muriel : Est-ce que la mobilité du bassin est obtenue par la rotation des hanches ?
Bernadette : Effectivement, par les rotations internes et externes des hanches, ou à quatre pattes ou debout. Il existe une équivalence entre la rotation interne et la posture à quatre pattes. Tous les quadrupèdes sont en rotation interne des quatre membres. En revanche, l’homme debout, bipède est en rotation externe des 4 membres, mais pas les pieds en canard. Mais l’homme debout, c’est fermé en bas (par le périnée, d’où l’incidence pour les sportives).
Je fais partie d’une génération où le sport n’était pas couramment préconisé pour les femmes. À l’époque, l’idée même de faire du sport ne nous effleurait pas. Nous n ‘avions même pas de pantalons, mais des jupes ! Il était possible de danser, de marcher, de faire du vélo ou de nager, mais courir ne nous venait pas à l’esprit ! Le sport s’est démocratisé depuis. Cependant, quand j’étais jeune, le tennis était un privilège réservé à des milieux comme celui des frères Lacoste et restait très onéreux. Le ski, quant à lui, était excessivement coûteux, à moins d’être natif d’une région montagneuse. Apprendre à nager était déjà une belle réalisation ; à cette époque, tout le monde ne savait pas nager.
La vie quotidienne impliquait de se pencher, de se lever, de crapahuter, de grimper aux arbres, mais nous ne pratiquions pas des séries d’exercices abdominaux, ce n’était pas dans les mœurs. Aujourd’hui, les jeunes filles, autant, sinon plus que les garçons, pratiquent un ou plusieurs sports. Or, la majorité des sports pratiqués se déroulent en position debout. Elles arrivent donc à l’accouchement, plus âgées et après plusieurs années de pratique sportive, ce qui ne contribue pas à l’assouplissement de leur périnée.
Muriel : As-tu l’impression que les cas de périnée hypertonique sont en augmentation ?
Bernadette : Oui, or un périnée hypertonique est plus difficile à travailler qu’un périnée hypotonique.
Muriel : Je suis tout à fait d’accord.
Bernadette : il n’y a pas de sport pratiqué à quatre pattes. C’est l’un des atouts majeurs du yoga ! Le yoga propose un travail corporel dans diverses postures : assise, couchée sur le dos, sur le côté, sur le ventre, à quatre pattes ou même inversée. L’intérêt du yoga est de travailler le corps dans toutes ses dimensions. Ce qui m’énerve, c’est de voir le yoga prénatal se concentrer sur la posture du guerrier. Une femme enceinte est déjà confrontée à la gravité toute la journée ; elle vient au yoga pour explorer d’autres positions, plutôt que de rester encore et toujours debout ! Certes, on peut intégrer la posture du guerrier, mais elle ne devrait pas être l’exercice privilégié pour une femme enceinte.
Muriel : Souvent, les pratiquantes de yoga s’inquiètent de rendre leur périnée hypertonique, en raison d’une mauvaise interprétation de Mula Bandha, qui consisterait en une contraction continue, trop longtemps soutenue, lors de l’inspiration et de l’expiration.
Bernadette : En réalité, il n’est pas possible de maintenir une contraction intense sur une longue période. Si l’on contracte activement un muscle, ensuite il se détend. Ainsi, on le bouge.
Muriel : Donc, pour toi, cette préoccupation est infondée ?
Bernadette : Oui, c’est infondé ! Ce qui pose problème, c’est de garder le périnée constamment dans la même position, maintenu par le bassin.
Méthode de Gasquet et Yoga
Comment débuter en méthode De Gasquet ?
Muriel : La méthode de Gasquet est complexe car elle prend en compte la posture et la respiration. Souvent, les patients sont les premiers à remarquer qu’il y a beaucoup d’éléments à respecter. Pour un professeur de yoga qui souhaite l’enseigner dans un cours collectif, quel conseil donnes-tu pour la pédagogie ? Par où commencer, concrètement, lorsqu’on veut appliquer la méthode de Gasquet ?
Bernadette : Dans mes formations, j’enseigne ce que j’appelle les fondamentaux. Ce sont les placements fondamentaux : la posture assise, la posture à quatre pattes, la posture couchée sur le dos, sur le côté, sur le ventre, et la posture debout et accroupi. Les placements dans ces postures permettent d’obtenir une posture juste. La posture juste n’est pas unique. Elle dépend un peu de la morphologie, mais pour moi, une posture est juste lorsque le diaphragme peut bouger, permettant ainsi une respiration abdominale libre, possible si je le souhaite. Je peux, volontairement, ne pas vouloir respirer par l’abdomen, mais c’est une autre question, c’est un choix.
Naturellement, chiens, chats et bébés respirent par le ventre. Les adultes, eux, ne respirent plus par le ventre, car leur posture est avachie ou trop cambrée.
Donc, je recherche toujours le placement et l’auto-grandissement, c’est-à-dire maximiser la distance entre les épaules et le bassin. Cela ne signifie pas être raide, mais plutôt maintenir cette distance maximale dans différentes positions : dos creux, dos rond, en torsion, en flexion, ou même en penchant la tête. Rester rigide n’est pas le but ; au contraire, la respiration facilite le mouvement interne. Cependant, beaucoup de personnes ne parviennent pas à concevoir que le mouvement puisse être autre chose que de la course à pieds.
Muriel : Il existe une réelle méprise concernant ta méthode. Tu as raison de souligner que, souvent, les professeurs de yoga pensent à tort que la méthode de Gasquet impose de rester raide comme un bâton, sans autoriser aucun mouvement. Or, au contraire, la flexion et l’extension sont intégrées dans tes enseignements. Tous les mouvements sont abordés, mais il est essentiel de comprendre la nécessité de l’éloignement des deux ceintures en coordination avec la respiration.
Bernadette : Je fais souvent référence aux animaux, un sujet qui est certes à la mode, mais qui depuis longtemps figure dans le yoga. Observez les chiens et les chats : ils s’étirent. Je n’ai jamais vu un chat cambrer ou avec la tête en arrière. Ils s’étirent dans tous les sens : en creux, en rond, en torsion, en flexion, et ils bâillent, ce qui indique que par leur étirement ils ont obtenu une libération du diaphragme. Voilà le modèle à suivre : nous pouvons nous mouvoir dans toutes les directions.
Certaines personnes ont besoin de rechercher du creux car ils sont trop ronds, tandis que d’autres, trop creuses, doivent chercher à s’arrondir. L’objectif est toujours de rééquilibrer, et non d’atteindre un extrême, contrairement au sport où l’hyper performance consiste à exceller dans un domaine, peu importe les conséquences. En yoga, la recherche de la performance est remplacée par celle de l’équilibre.
Muriel : Oui, c’est fascinant. Comme tu l’introduis dans ton ouvrage Yoga Sans dégât : il s’agit de trouver un équilibre entre hypertonie et hypotonie, d’ajuster le tonus et la mobilité sans tomber dans l’hyperlaxité. Cette quête d’équilibre concerne autant les articulations que les muscles et le fascia. C’est exactement cela (en référence à mon métier d’ostéopathe) !
Le yoga méthode de Gasquet est-il encore du yoga ?
Muriel : Une question revient régulièrement chez les professeurs de yoga : la méthode de Gasquet, sensiblement différente du yoga traditionnel, peut-elle encore être considérée comme du yoga ?
Bernadette : Je préfère poser la question différemment. À mon avis, le yoga est une discipline complète qui intègre diverses pratiques corporelles, lesquelles sont d’ailleurs présentes dans le yoga depuis ses origines. Il y a déjà tout dans le yoga ! L’introduction d’éléments tels qu’un ballon ne dénature pas pour autant le yoga. Certes, il n’y avait pas de ballon dans le yoga des origines ! Mais, les principes fondamentaux que sont le placement, la respiration et la mobilité – qui peut aussi se manifester dans l’immobilité – restent inchangés. Mes cours peuvent parfois ne pas ressembler à un cours de yoga classique, mais ils conservent l’essence du yoga, car ils visent l’équilibre et le mieux-être individuel, adaptés à la morphologie et à l’âge de chacun. Certaines personnes sont plus réceptives à la visualisation, d’autres pas. Il y a des raides, des souples…L’adaptation du yoga à chaque individu est d’ailleurs l’un des thèmes que j’ai particulièrement apprécie dans le dernier numéro d’Infos Yoga.
Si l’adaptation est au service du bien-être de la personne, je l’approuve ; cela ne me pose aucun problème. Je ne suis pas partisane de conserver une pureté originelle, conçue pour des morphologies qui ne sont pas les nôtres en plus ! Les représentations traditionnelles du yoga ne nous correspondent pas ! Ainsi, une posture n’est considérée comme adéquate et juste, si elle permet à la personne de bien respirer.
Muriel : Tu précises également que l’essentiel est de s’approprier la méthode de Gasquet. Ce qui importe c’est de comprendre ce que l’on fait, pourquoi on le fait et pour qui on le fait.
Bernadette : Je rencontre quotidiennement des enseignants et des professionnels de la santé qui intègrent la méthode de Gasquet à divers contextes : la sclérose en plaques, le cancer du sein, la performance sportive, entre autres. Ces principes fondamentaux sont universels et s’appliquent à une multitude de domaines. Cependant, l’approche doit également être adaptée selon la sensibilité de chacun.
Personnellement, je ne propose pas de cours de yoga pour enfants, faute de pédagogie adaptée et d’idées pour les captiver. Une de mes élèves excellait dans ce domaine et mes enfants ont suivi ses cours. En revanche, j’ai une expertise avec les femmes enceintes et les personnes âgées. Concernant les sportifs, je leur enseigne les bases avant de les orienter vers des spécialistes capables d’adapter le yoga à leur discipline spécifique. Lors de mon expérience à l’INSEP, nous avons exploré l’application des principes du yoga à toutes les disciplines olympiques, à l’exception du hockey, où la position plié en deux est incontournable ; autrement, l’autograndissement peut être intégré dans toutes les pratiques.
Muriel : Pour le hockey, par exemple, est-il envisageable d’intégrer une préparation physique fondée sur la méthode de Gasquet en complément à l’entraînement habituel, permettant ainsi de sortir de la posture spécifique au hockey sans nuire à la performance du joueur ?
Bernadette : Il est vrai que l’application de ces principes pendant l’acte sportif lui-même peut s’avérer complexe. Néanmoins, il est tout à fait possible de rééquilibrer les tensions musculaires avant et après l’effort.
Donc le yoga méthode De gasquet, oui, s’écarte du yoga traditionnel mais le yoga est un domaine vaste et riche, avec un nombre considérable de postures qui peuvent être adaptées en fonction des besoins.
Comment débuter le yoga ?
Muriel : La méthode de Gasquet gagne en reconnaissance et se répand ; il est désormais aisé de trouver des cours de yoga méthorde De Gasquet un peu partout. Cependant, si une cousine te contactait pour te demander conseil sur le yoga, vers quel cours l’orienterais-tu ? Y a-t-il des types de yoga que tu lui recommanderais ou déconseillerais ? Par ailleurs, considérerais-tu même le yoga comme une option ? De nombreux kinésithérapeutes hésitent à le recommander en raison de l’intensité et de la difficulté de certaines postures.
Bernadette : Il existe, en effet, des professionnels formés à la méthode De Gasquet dans divers domaines, qu’ils soient professeurs de yoga ou coachs sportifs. Les cours sont donc accessibles à proximité pour la plupart des gens. Ma démarche est néanmoins inverse : face à la demande croissante pour mes cours de yoga, je me retrouve avec peu de créneaux disponibles pour les nouveaux venus car mes élèves, qui ont vieilli avec moi, sont toujours présents.
Lorsque quelqu’un souhaite commencer le yoga méthode De Gasquet, je recommande plutôt quelques séances individuelles avec un kinésithérapeute, surtout si la personne présente une pathologie spécifique. L’objectif est de bien maîtriser les bases, d’être bien encadré individuellement en apprenant les placements et la respiration, et de comprendre les postures à éviter ou à privilégier.
Par la suite, ils peuvent intégrer un cours de yoga. Bien que je corrige beaucoup, je ne peux pas constamment revenir aux fondamentaux sans que cela ne devienne lassant. Je préfère que les élèves aient d’abord une éducation de base puis évoluent vers les postures de yoga.
Le yoga offre une grande variété, avec des postures parfois très acrobatiques et d’autres plus accessibles. Mon yoga est plutôt accessible physiquement, mais demande une certaine concentration, ce qui n’est pas intellectuel cela mais implique de comprendre ce que l’on fait. Être présent, être là, cela s’appelle la conscience. Si l’on pratique une heure de yoga puis que l’on vit le reste du temps de manière avachie, c’est qu’il y a un manque de compréhension quand même…..
Retrouver la méthode de Gasquet à l’Institut
L’avenir de l’Institut de Gasquet
Muriel : Je constate que l’Institut de Gasquet propose désormais des formations en Europe, notamment en Belgique, en Suisse et en Italie. Quelle vision as-tu de l’avenir pour l’Institut de Gasquet ? Comment envisages-tu son développement ?
Bernadette : En effet, l’institut a même étendu son influence à des pays plus éloignés tels que le Japon, le Québec et le Brésil. Je ne sais pas comment cela va évoluer d’un point de vue économique, mais ce qui m’intéresse, c’est l’évolution au niveau de l’esprit. J’apprécie particulièrement la découverte d’autres pays, avec leur culture, leur cuisine, leurs climats et leurs mouvements corporels spécifiques. Chaque pays possède des danses ou des exercices de gymnastique sépcifiques qui s’alignent avec leur morphologie. Pour moi, l’important est de rayonner, non pas dans un but économique, mais pour enrichir les échanges culturels.
Ce qui m’enrichit, c’est de voir comment nous pouvons adapter et nous inspirer des enseignements de chaque pays. Lorsque je donne des formations, mon intention est d’apprendre autant que j’enseigne. Je souhaite comprendre leur approche, leurs méthodes et leurs raisons, dans le but de progresser ensemble.
Muriel : Pour conclure, tu as évoqué lors de la préparation de cette interview, une observation marquante concernant les différences entre le bassin de la femme africaine et celui de la femme japonaise, notamment en ce qui concerne l’accouchement. Cela entraîne des techniques de rééducation en post partum distinctes et influence même les méthodes d’accouchement. Peux-tu résumer en quelques mots comment cette observation anthropologique a enrichi ton expérience ?
Bernadette : J’ai donc eu la chance de visiter divers pays en compagnie de professionnels de santé, et non en tant que touriste. J’apprécie de tester les traditions locales lorsque cela est possible. Par exemple, j’ai essayé de porter un kimono et j’ai rapidement constaté que ma morphologie n’était pas adaptée. Sur une note plus légère, j’imagine qu’un kimono ne conviendrait pas davantage à une femme africaine, tant la différence est marquée.
Cette observation m’a permis de noter que les postures adoptées par les femmes sont souvent liées à leurs vêtements, qui eux-mêmes reflètent des réalités morphologiques et culturelles. Par exemple, en Afrique, les femmes sont souvent assises par terre, les jambes étendues, vêtues de robes amples qui laissent passer l’air, tandis que la femme japonaise, contrainte par son kimono, adoptera une posture différente.
Au-delà de ces aspects vestimentaires, des tabous et des perceptions culturelles influencent également le comportement. En Afrique, l’idée de s’allonger sur le dos est physiquement inconfortable en raison de la forme du sacrum, mais c’est également une position de vulnérabilité inacceptable culturellement. Ces considérations jouent un rôle crucial durant l’accouchement, où la pudeur et les projections culturelles doivent être prises en compte.
Je trouve tout à fait normal de respecter les souhaits d’une femme musulmane ou juive désirant conserver un voile sur sa tête pendant l’accouchement. Il m’est difficile de comprendre pourquoi cela pourrait poser problème, surtout lorsque le personnel soignant est lui-même couvert de la tête aux pieds. Si elle souhaite garder son foulard, cela ne devrait pas être un obstacle, car l’important se passe ailleurs.
En somme, il existe des significations qui sont importantes pour certaines personnes et pas pour d’autres. Il est essentiel de cesser de percevoir le monde uniquement à travers notre propre perspective.
Muriel : Il convient de noter que notre approche ne se limite pas à la biomécanique du périnée. En périnatalité, le contexte émotionnel et psychologique revêt également une importance considérable.
Bernadette : En effet, la morphologie est intrinsèquement liée à ces aspects. Tout est interconnecté dans la réalité.
Se former à la méthode de Gasquet
Muriel : Bernadette merci infiniment pour cet échange, je suis vraiment très touchée que tu aies accepté de m’accorder cet entretien aujourd’hui pour mes lecteurs. Je suis sûre qu’ils auront plein de questions après, qu’ils vont être ravis et que ça va nourrir encore beaucoup leur curiosité
Bernadette : ils peuvent aller sur le site il y a beaucoup de formations, d’ateliers et il y a aussi des programmes enregistrés.
Muriel : Retrouvez toutes les informations sur le site De Gasquet.com mais aussi toutes les formations dont on a parlé en France, en Europe, au Japon et en Nouvelle-Calédonie ! Et, je rappelle ton ouvrage Yoga sans dégâts qui est quand même un Best-Seller pour les professeurs de yoga qu’il faut avoir lu, ne serait-ce que pour toutes ces histoires de positionnement, que ti nommes : les postures de base, les fondamentaux dont tu parlais tout à l’heure. Merci infiniment !
Bernadette : Au revoir !
Muriel : Au revoir !
Bonjour Muriel,
L’ interview de Bernadette De Gasquet est géniale , vraiment merci à vous deux 😀, merci à Bernadette de nous donner les clés de la réussite, grâce à vous j’aime encore plus être kiné 🙏 Valérie
Un énorme merci Valérie ! Bernadette est vraiment très généreuse dans ses partages et tellement passionnée ! Au plaisir !